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Greenpeace s'introduit dans la centrale nucléaire du Bugey

Francoise Legarde By Francoise Legarde | maggio 02, 2012 | France

Un militant a été interpellé lors de son atterrissage après avoir lancé un fumigène lors du survol, pourtant interdit, de la centrale de l'Ain. L'organisation écologiste veut y voir l'illustration de la vulnérabilité des installations nucléaires face à la menace aérienne.


Cinq mois après son introduction dans deux centrales nucléaires françaises, Greenpeace a opéré une nouvelle opération coup de poing tôt ce mercredi matin. À 7h40, un militant a réussi à survoler et à atterrir dans la centrale du Bugey (Ain) grâce à un parapente à moteur. Au cours de sa descente, il a pu placer un fumigène sur l'un des toits de la centrale. Le survol d'une centrale nucléaire est interdit dans un rayon de 10 kilomètres et à une hauteur de 1000 mètres.

Le pilote, de nationalité allemande, a été mis en garde à vue pour «infraction au survol d'une centrale nucléaire et pénétration dans le périmètre de sécurité». Ces mesures de sécurité ont fait suite à l'introduction en décembre sur les sites de Cruas (Drôme) et de Nogent-sur-Seine de militants de Greenpeace. Un autre militant français, qui se trouvait à l'extérieur de la centrale, a également été interpellé.  Il s'était présenté à l'accueil «pour savoir ce qu'était devenu son camarade», précise la gendarmerie.

Lors d'une conférence de presse organisée ultérieureurement à Paris, Dominique Minière, le directeur du parc nucléaire d'EDF, a expliqué que le militant, repéré par un maître-chien, a été pris dans un tourbillon provoqué par les tours aéroréfrigérantes de la centrale.  «Il a failli s'écraser au sol», a poursuivi le responsable d'EDF. «Un jour ou l'autre ça se terminera mal, on aura un blessé grave ou un mort et c'est la dernière chose qu'on souhaite», a-t-il ajouté en appelant Greenpeace à cesser ce type d'opérations.

Pour les autorités, l'action de Greenpeace est contre-productive: elle aurait en effet prouvé l'efficacité du système d'alerte. «L'interpellation a eu lieu en huit minutes» après la détection, a souligné le directeur de la centrale.

Avec cette action, Greenpeace a souhaité mettre en exergue «la vulnérabilité des sites nucléaires français face à la menace d'une attaque aérienne. Alors que l'Allemagne a pris en compte la chute d'avion dans ses tests de sûreté, la France refuse toujours d'analyser ce risque pour nos centrales», affirme l'ONG sur son site Internet.

«L'objectif de cette action est d'adresser un message aux deux candidats à l'élection présidentielle (Nicolas Sarkozy et François Hollande) qui nient le risque du nucléaire.

Pour l'ONG, les centrales du Bugey, de Fessenheim, Gravelines, Dampierre, Balyais, Chinon, Saint-Laurent et Cruas, sont «particulièrement vulnérables aux agressions extérieures en raison d'un confinement primaire en béton simple doublé d'une paroi métallique intérieure». Greenpeace s'appuie sur une étude commandée à un expert britannique sur la vulnérabilité des centrales françaises aux chutes d'avion. «La chute d'un avion de ligne sur une centrale nucléaire, jugée peu probable par les autorités de contrôle, n'a jamais été prise en compte ni dans la conception, ni durant l'exploitation de nos installations», affirme l'ONG.

400 millions d'euros pour la sécurisation des centrales

De son côté, EDF affirme que des mesures ont été prises depuis le 11 septembre 2001 pour protéger ses réacteurs contre les chutes d'avion. Certaines sont classées secret-défense. Le groupe va également consacrer pas moins de 400 millions d'euros dans les trois ans pour renforcer sa sécurité (qu'il convient de distinguer de l'amélioration de la sûreté nucléaire à la suite de Fukushima). Un exemple de mesure: toutes les clôtures détecteront automatiquement les intrusions, ce qui n'est pas le cas actuellement.


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